Le jury du Prix de l’AHJUCAF 2022, a attribué à l’unanimité une mention spéciale à la magistrate Rindra Harizo Randriamahefarilala pour sa thèse « La justice pénale malagasy : entre l’héritage colonial et le droit au procès équitable », soutenue il Montpellier le 14 décembre 2021. Elle livre ses impressions et donne son opinion sur des questions liées à la justice à Madagascar.
Les Nouvelles : Pour commencer, c’est quoi le Prix de l’AHJUCAF ?
Rindra Harizo Randriamahefarilala : L’intitulé exact est le « Prix de l’AHJUCAF pour la promotion du Droit ». L’AHJUCAF est l’Association des hautes juridictions de cassation francophones. Elle regroupe les juridictions suprêmes de l’ordre judiciaire des pays francophones. Comme son intitulé l’indique, le prix récompense les travaux d’ouvrage ou de thèse qui contribuent à la promotion de l’Etat de droit et de justice dans l’espace francophone. Madagascar est membre de l’AHJUCAF depuis plusieurs années, mais c’est la première fois qu’une ressortissante malagasy est récompensée. Le prix financera la publication de ma thèse, qui sera donc disponible dans les rayons des librairies dans quelques mois.
Vous venez de gagner le Prix « Mention spéciale de l’AHJUCAF 2022 » avec votre thèse intitulée « la justice pénale malagasy entre l’héritage colonial et le droit au procès équitable…
Il s’agit d’une thèse en Droit et Sciences criminelles intitulée « La justice pénale malgache : entre l’héritage colonial et le droit au procès équitable », soutenue à l’Université de Montpellier en décembre 2021, sous la direction d’Olivier Sautel. Elle retrace l’évolution de la justice pénale malagasy à partir de la colonisation, en a mettant en rapport avec le standard international du droit au procès équitable. Dans cette entreprise, elle souligne les avancées incontestables au fil du temps, mais met aussi en exergue les maux du système à travers l’analyse du pouvoir réel du juge, l’écart entre la loi et la pratique et le mépris du citoyen envers la justice.
Que pensez-vous de la Justice à Madagascar ?
Une pensée de 345 pages exprimée dans ma thèse. Nous progressons, pas de manière linéaire, pas au rythme que les citoyens et les praticiens souhaitent, mais nous progressons. Il y a du chemin, mais je ne désespère pas. Et j’espère, à travers cette thèse, donner un outil dans les mains des praticiens pour accélérer davantage ce processus de rajustement de la Justice.
Votre message à ceux qui souhaitent se lancer dans un cursus doctoral ?
Le doctorat, comme tout autre diplôme, n’est pas un objectif de vie. C’est un moyen, un moyen cher en termes de temps, en termes d’efforts. Et en ce qui me concerne, en termes financiers. Définissez d’abord votre objectif, et si le doctorat est le moyen pour y parvenir, investissez. Ne faites pas un doctorat pour être docteur, faites un doctorat pour impulser le changement. Cela donnera un sens à votre investissement.
Propos recueillis par Sera R